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Dental Access : dentiste pas cher à Cannes

Un centre de santé, spécialisé dans l’implantologie dentaire, ouvre ce lundi à Cannes Son objectif : lutter contre le renoncement aux soins et la fuite des patients à l’étranger

C’est une arrivée qui interpelle. Par la structure juridique de l’établissement, la personnalité de ses fondateurs et sa localisation. Dental Access, centre de santé spécialisé dans l’implantologie dentaire, ouvre aujourd’hui avec, pour objectif de « démocratiser l’accès aux soins dentaires, via une politique tarifaire éthique ».

Forcément, quand on lit ce type de phrase, cela fait écho aux centres low-cost que l’on a vu s’installer à la frontière italienne et qui font de la publicité jusque sur les pare-brise azuréens.

Cela fait aussi penser aux sites qui simplifient le tourisme médical vers la Roumanie ou l’Espagne. Sauf que là, c’est sur le territoire azuréen que tout se passe. Le centre s’implante à Cannes et vise une patientèle de proximité.

Qui est aux manettes ?

Une association à but non lucratif présidée par Lyssia Chanaï, 33 ans, avocate fiscaliste d’origine toulonnaise, qui fait des affaires à l’international, notamment en Russie et qui est bénévole dans ce centre de santé. À un âge où d’autres s’engagent en politique ou tout autre mouvement, elle décide d’être dans l’action. Sa rencontre avec un praticien cannois l’a conduite à épouser la cause dentaire. Une initiative 100 % privée.

Pourquoi ce centre ?

Lyssia Chanaï s’enflamme : «Parce qu’il est scandaleux de voir des patients renoncer au soin en France au motif que la facture est trop élevée. Il y a assez de rapports qui dénoncent cette situation. Passons aux actes. L’implantologie est une technique qui a plusieurs décennies de pratique derrière elle. Il n’y a plus de raison que les prix soient aussi élevés. On peut les faire baisser significativement. Et éviter que des patients soient amenés à négliger leur santé bucco-dentaire ou à franchir la frontière. On sait que des milliers de patients français vont se faire soigner à la frontière italienne.»

Pourquoi des prix aussi élevés en France ?

«Je ne jette pas la pierre aux dentistes qui exercent en libéral et qui prennent en charge tous les soins. Prenez le coût d’une dévitalisation : 40 euros. Quand vous mettez bout à bout, les charges du cabinet, l’assistante, le temps passé par le praticien, ce travail n’est pas assez valorisé. Les honoraires étant libres sur les implants et prothèses, il y a une compensation qui s’opère, ça se comprend. Pour autant, est-ce satisfaisant côté patient ?»

Comment pratiquer des prix plus bas ?

Lyssia Chanaï : « En fixant les prix avec tact et mesure. On a une vraie démarche d’entrepreneur. Nous discutons les prix avec les fournisseurs en fonction des volumes. On reste raisonnable sur les marges, on rationalise les protocoles de soins. Nos praticiens sont salariés, ils ont tous au moins dix ans d’expérience et sont rompus à l’exercice. Ça les rend plus efficaces. Nous ne sommes pas un centre low-cost. Les implants sont exclusivement de marque française, traçables pour une continuité dans les soins en cas de déménagement. Nos prothèses sont faites à Mougins. On respecte les patients. »

Le business modèle ?

Dental Access se veut dans la proximité: «Ce centre ne compte que deux fauteuils et une salle de chirurgie. On fonctionne par binôme, un praticien expérimenté et une assistante dentaire qui composent toujours la même équipe, avec une secrétaire médicale, une à deux personnes dédiées à la stérilisation selon le volume d’activité et un conseiller patient. Et si la demande grossit, on procédera par duplication du modèle, avec l’ouverture de centres de même taille ailleurs.»

Noël Bonardo, président du conseil de l’ordre des dentistes : «L’esprit de la loi est détourné»

Noël Bonardo est président du conseil départemental de l’ordre des chirurgiens dentistes des Alpes-Maritimes qui a un rôle de contrôle des praticiens autant que d’information des patients.

Comment accueillez-vous l’installation de centres de santé associatif?

Avec réserve et attention sur leurs pratiques. La loi les autorisant a été pensée pour favoriser l’installation de confrères dans les régions les plus défavori-sées. Or, on assiste à la naissance de centres de santé qui se concentrent sur les actes les plus rému-nérateurs de la chirurgie dentaire. On peut s’inter-roger sur leurs motivations réelles. Un dentiste se doit de rester dans le soin et pas uniquement le rentable.


Pensez-vous les honoraires trop élevés sur les implants?

Globalement, ça diminue. Parce que les confrères ont plus de pratique, leurs gestes sont plus rapides. Aussi parce que les protocoles évoluent. On sait aujourd’hui que le recours au bloc opératoire n’est pas toujours nécessaire. La pose d’implant en cabinet coûte moins cher. En revanche, il ne faut pas confondre baisse des prix, avec qualité du matériel sacrifiée et abattage. Les patients ne doivent pas se leurrer. Le low-cost répond aux mêmes problématiques que dans le fast-food. La prestation n’est pas la même.


Faut-il plus de concurrence?

La profession est en évo-lution. De moins en moins de libéraux s’installent, on inscrit régulièrement des Roumains. Si on suit Emmanuel Macron, plus il y aura de concurrence, plus les prix baisseront. Nous, on dit aussi que la qualité des soins suivra : elle baissera. La santé publique ne doit pas être un commerce.

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